Erreurs
Ioan Pânzaru
 

Cet article se présente comme un témoignage sans ambitions scientifiques. C?est tout simplement un recensement des jugements que je faisais dans les années 80 sur l?évolution possible des événements en Roumanie, et qui apr?s 1990 se sont révélés erronés. Il s?agit, évidemment, des seules erreurs que j?ai pu identifier jusqu?? présent. Les autres participent sans doute intimement de ma personnalité, car qu?avons-nous de plus propre, au point de vue de la connaissance, sinon les gauchissements plus ou moins volontaires qui caractérisent notre image de la réalité (la ?fausse conscience?, comme on les appelle)?

Ces jugements fautifs, je n?étais pas le seul ? les émettre ou ? les sous-entendre. Autant dire que, dans la mesure o? l?on peut les considérer comme des ?théories?, je n?en suis pas le seul auteur ? elles étaient dans l?air. Ma responsabilité est impliquée dans la mesure o? je les ai assumées et fait miennes, ce que j?affirme catégoriquement. Les révélations que j?ai eues au sujet de mes erreurs, je ne suis pas non plus le seul a en avoir bénéficié. Elles m?ont touché au m?me rythme ? un peu plus tôt, un peu plus tard ? qu?elles devenaient des évidences pour d?autres.

Je vais sans plus tarder en dresser une liste, quitte ? revenir avec des précisions.

L?erreur populaire? Elle consiste ? croire, sans plus, que le ?peuple? était ?contre? Ceausescu et son régime.

L?erreur structurale? C?est la confiance dans les structures existantes. Elle suppose que le mécanisme social et économique était mené ? la ruine par les seules interventions fantasques du dictateur; qu?il aurait pu marcher tout seul, pour le bien du plus grand nombre, si Ceausescu ne s?y était pas m?lé, et que, le facteur de perturbation enlevé, tout marcherait comme sur des roulettes. Cette erreur consiste donc ? croire ? la viabilité potentielle du socialisme réel. A la fin des années 80, elle a pris une autre forme, ? savoir de dire que le socialisme était ?fini?, compl?tement mort, et qu?il suffisait d?introduire les fameux mécanismes du marché et du libre échange, pour que l?économie se ressaisisse. L?erreur consiste maintenant ? préconiser le capitalisme réel en terre d?Orient.

L?erreur temporelle? C?est de croire que ?le temps est venu?. C?est une variante messianique du calcul d?opportunité.

L?erreur sur le développement ? Elle consiste ? croire, corrélativement ? l?idée précédente, que les citoyens de notre pays savaient ce qu?ils avaient ? faire pour entretenir en état de marche les différentes machines qui composent l?Etat et la société (pas besoin de militants crétins imposés par le Parti ? la t?te des entreprises), et qu?ils n?attendaient qu?une certaine autonomie pour faire prospérer le pays. Etant entendu que l?économie moderne repose sur le développement, on supposait que les agents économiques souhaitaient, au moins de façon implicite, ce développement.

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