Des amis partout
Roxana Doxan
 

Je suis partie en 1978 un an apr?s que l?on ait arr?té Radu (Radu Portocală). Ils l?ont arr?té en 1977 et l?ont soi-disant expulsé quelques mois apr?s l?avoir arr?té[1]. Heureusement Radu avait la plus grande partie de sa famille en Gr?ce. Il a profité du fait que l?un de ses oncles travaillait au minist?re des affaires étrang?res d?Ath?nes, son p?re aussi travaillait déj? en Gr?ce, enfin? Il a été ? invité ? tout ? fait légalement par l?institut Pasteur pour un an. Et quand ils ont arr?té Radu, son p?re a décidé que, dans ces conditions, il ne retournerait plus au pays. Radu pouvait profiter du fait qu?une partie de sa famille était l?-bas et pouvait l?aider et le sortir de cette situation, il a alors décidé de partir en Gr?ce. Pour ma part, j?ai moi aussi décidé de partir du pays. J?ai fait une demande de mariage et une demande de départ en vue de ce mariage. Il est parti en juin 77 et moi je suis partie en juillet 78 - ils m?ont laissé partir en 78. Ils m?ont considéré comme persona non grata au musée (Musée National d?Art) au moment de ma demande de départ. Je n?avais plus la permission de travailler dans mon bureau au musée et je n?avais plus que la permission de venir pointer au début et ? la fin de la journée. Durant l?année avant mon départ, j?allais le matin au musée puis je flânais dans les rues ou bien j?allais au Patrimoine - un bâtiment sans aucun intér?t. Finalement je peux dire que je suis partie dans des conditions ? légales ?, en train, car ils ne m?ont pas permis de partir en avion. Quand ils m?ont donné l?approbation, était mentionné comme point de fronti?re de sortie du pays : Giurgiu alors que j?aurai préféré que ce soit Otopeni. Ce n?était pas possible. J?aurai aussi préféré aller en avion. Ce n?était pas possible. Et bien sur tu ne demandes pas pourquoi quand tu veux partir. Je suis donc partie en train. J?ai eu la permission de prendre avec moi un certain nombre de kilos de bagages qui ont tenus dans trois valises et j?ai réussi ? y ajouter une paire de skis. Je suis arrivée ? Ath?nes fin juillet mais je n?ai pas eue la permission d?emmener mes valises. J?avais gardé avec moi un petit sac dérisoire en plastique. Et ? mon arrivée ? Ath?nes apr?s deux jours de voyage en train ? travers la Bulgarie et la Gr?ce, je n?avais absolument plus rien avec moi. J?étais partie avec un sandwich ou deux pour avoir de quoi manger et un petit mouchoir. Mes bagages devaient arriver quelques jours apr?s moi alors j?étais obligée de m?acheter une foule de choses de premi?re nécessité d?s le début. Quand je suis allée prendre mes bagages par cette chaleur de juillet en Gr?ce, je me suis trouvée encombrée de trois valises et d?une paire de skis.

Nous avons été obligés de nous marier ? l?ambassade roumaine d?Ath?nes, sans aucun faste, par Ion Brad qui était ? l?époque ambassadeur de Roumanie ? Ath?nes et qui a été absolument macabre de m?me que l?atmosph?re de l?ambassade roumaine avec un groupe de camarades qui officiaient. En fait l?ambassadeur assistait ? cette chose et je crois que le consul a officié avec l?écharpe tricolore sur la poitrine? C?était tout ? fait surréaliste, tu te rends compte. Apr?s ce mariage, nous avons commencé ? revenir ? nous. Pour moi c?était tr?s difficile car je n?avais aucun rapport avec ce pays. Je ne pigeais rien en grec. Pour Radu ça fut plus facile parce que sa m?re parlait plus ou moins couramment le grec et lui avait déj? été en Gr?ce donc ce n?était pas si dur pour lui. Je crois que m?me un jour en Gr?ce compte dans ce genre de situation, or moi, je n?avais encore rien ? voir avec ce pays, je n?avais jamais été l?-bas et ça c?était plus qu?exotique.

Nous avons essayé de faire quelque chose mais c?était tr?s difficile car nous avions encore un statut non-déterminé, c?est ? dire que nous n?étions pas des citoyens grecques, nous avions encore le passeport roumain donc c?était tr?s difficile, nous n?avions m?me pas le droit de travail, nous avions seulement un droit de séjour qu?il fallait prolonger tous les trois mois. Ensuite, il fallait le prolonger tous les six mois, que nous le voulions ou non, il fallait aller ? la police pour ? nous faire prolonger ?. Mais nous avons fait assez vite les formalités de demande de citoyenneté grâce au fait que les parents de Radu étaient d?origine grecque. Ce fut résolu en trois ans. Seulement alors j'ai reçu l?approbation formelle de citoyenneté. Les formalités dur?rent encore un an, ce qui était extr?mement rapide ? l?époque. Malgré toutes tergiversations, obtenir la citoyenneté en quelques années n?était pas habituel.

[1]On a considéré que l`histoire de Radu est trop intéréssante pour l`expédier dans une simple note de soussol. C`est pour cela que nous l`avons ajout? ? la fin du texte de Roxana.

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