La splendeur du monde des objets. Notes en marge d?un texte de Pierre d?Auriole
Alexandru Baumgarten
 
Texte traduit par Ioan Pânzaru

?Car, puisque concevoir par l?intellect, comme le dit Aristote, c?est comme percevoir par le sens, et que percevoir par le sens s?accomplit par l?intermédiaire de deux sujets, dont l?un est le sujet par lequel le sens devient vrai (et c?est le sensible extérieur ? l?âme) et l?autre, le sujet par lequel le sens est une forme existante (et c?est la perfection premi?re de la faculté sensorielle), il est aussi nécessaire que les intelligibles en acte aient deux sujets, dont l?un est le sujet par lequel ils sont des images vraies, et le second, celui qui fait de chaque intelligible un étant du monde [réel], et c?est l?intellect matériel? (trad. Alain de Libera, 1998, p. 69)[3].

Chez Averro?s, dans une plus grande mesure encore que chez Aristote, penser c?est proprement produire un acte commun des deux sujets susnommés: mais cet acte commun c?est la pensée, ? travers laquelle le monde devient phénom?ne en m?me temps que la conscience entre dans le monde. Mais le fait qu?il existe deux sujets de connaissance veut dire pour Averro?s qu?au fond, celui qui pense n?est rien de déterminé, qu?il n?est pas ?quelque chose? (non est aliquid hoc, dit le texte latin du commentaire d?Averro?s - A. de Libera, 1998, p. 65), autrement dit n?est pas une substance pensante distincte, mais, dans un sens relatif, c?est le produit de la connaissance elle-m?me, tandis que dans un sens absolu, on peut dire qu?abstraction faite de sa fonction, il n?est personne. L?un des sujets est l?intellect possible unique chez tous les humains, l?autre est l?image: de l?intellect, Averro?s dit qu?il n?appartient pas ? tel ou tel homme, et de l?image, qu?elle appartient naturellement tant au connaissant qu?? l?objet connu. D?ailleurs, quant ? cette distinction utopique entre la chose singuli?re et son image ?objective?, Pierre d?Auriole dit dans son texte qu?elle est imperceptible pour nous: indistinguibiliter est (éd. Perler, 1994, p. 261).

D?une certaine mani?re, tout cela se retrouve dans l?âme, d?une autre mani?re, l?âme n?est rien et ne semble pas avoir de détermination propre. Dans ce cas, pour Averro?s, la pensée elle-m?me veut dire la constitution du sujet pensant, grâce au fait que son activité produit une série d??tres ?dans le monde? qui sont les réalités intelligées (res intellectae), et c?est précisément ce que maître Pierre appelle esse obiectivum.

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