L?objet reçu en cadeau est devenu pour l'auteur une métaphore, un guide dans la recherche, l'expression synthétique de la théorie de l'icône et de la recherche spirituelle dont celle‑ci est le support; l'objet est devenu un symbole opérant. L?icône rend possible ? dit Schönborn partant du ?myst?re? de l'objet qu'il a devant soi ? la rencontre avec un ?tre inaccessible. Selon la doctrine généralement acceptée, l'icône peut établir la relation, le rapport avec Celui qui est représenté mais qui reste, en soi, non représentable. Mais pour que cette rencontre ait lieu, il faut que les deux membres de la relation soient des personnes, des personnes assumant un visage. In divinis m?me, le Fils est ?l'image consubstantielle? du P?re. Par l?Incarnation, il rend visible cette image du Dieu invisible (Colossiens, 1, 15) que l'icône pourra consigner. Trois termes domineront l'effort d'éclaircir le statut de l'icône, étroitement lié au th?me de l'incarnation: kharakt?r, eikôn, prosôpon. Le sens primitif de ces trois termes est lié aux arts plastiques, au spectacle, ? l'artisanat; c'est ce caract?re concret qui donnera toute leur succulence et leur force de conviction aux développements symboliques ou doctrinaires qui en feront usage. ? l'origine, kharakt?r avait le sens de "coupure", d'"entaille", de "burinage". Le verbe kharassein, dans un premier sens figuré, signifie "couper", "graver" des signes reconnus, soit des lettres soit de la forme d'un objet quelconque (cf. Schönborn, 1996, p. 144). Le terme finira par indiquer la figure, l'aspect, l'expression, les traits essentiels par lesquels un ?tre peut ?tre ?montré?, manifesté et, finalement, représenté sur un support matériel ou spirituel. Dans l'Épître aux Hébreux (1, 3), le terme kharakt?r désigne le Christ comme ?empreinte? et ?rayonnement? du P?re. Il est l'?image? ? unique, fid?le et inaltérable en soi ? du P?re, apte pourtant ? se communiquer, ? s?imprimer sur une infinité de supports et ? livrer ainsi de soi une infinité de copies. Le rapport entre empreinte et graver (kharakt?r et kharassein) d'une part et l'icône proprement dite (eikôn) d'autre part est si immédiat que, pour les auteurs byzantins, les deux termes finiront par ?tre synonymes (3). La métaphore que Théodore le Studite emploie pour préciser la façon dont l'archétype christique est présent dans l'icône fait appel au m?me symbolisme de l'empreinte. Le sceau sur la bague de l?empereur ? o? son visage est gravé ? peut s'imprimer sur une multitude de matériaux auxquels il communique ce visage sans toutefois s'en trouver affecté et sans le perdre (4). |