Un si?cle de singularité, un an d?hospitalité
Ioana Popescu
 

2006 est, pour la Roumanie, un bon cru : on a en effet accordé aux roumains le statut tant convoité de citoyens européens et fait du 1er janvier 2007 la date ? laquelle ils devront, aux côtés des européens de souche, réaliser cette condition qui n?est pas fonci?rement différente de celle des années précédentes, m?me si elle réserve certaines surprises et suscite beaucoup d?espoirs. Les surprises roumaines ont commencé ? apparaître immédiatement apr?s la chute du rideau de fer et ont la plupart du temps pris des dimensions drôles, voire grotesques. On pense ? cette étudiante américaine qui s?est vue obligée de renoncer ? son jogging quotidien dans le parc de Bucarest ? côté duquel elle résidait temporairement parce que les pelouses étaient, l?hiver, protégées du gel par des tablettes de sel sur lesquelles était écrit NE MARCHEZ PAS SUR L?HERBE, ? nos coll?gues muséographes françaises qui, invitées ? déjeuner par leurs confr?res roumains, découvraient avec stupeur que les couverts quotidiennement utilisés ? Bucarest étaient identiques ? ceux que leurs grands-parents pouvaient employer lors des grandes réceptions, ou encore ? nos collaborateurs britanniques g?nés par ce contact physique, jugé selon eux beaucoup trop intime, qui peut exister au travail comme dans les lieux publics (tous ces gens qui s?embrassent, parlent fort dans les autobus, envahissant, tout en souriant, ta sph?re privée) et ? cet anthropologue américain découvrant dans les villes roumaines un espace dans lequel le féminisme n?a aucun sens, tellement les femmes y sont libres et puissantes... En un mot, on n?en pouvait plus de tant de surprises. 

Toute l?Europe, au début des années 90, se trouvait marquée du sceau de la diversité. Un des principaux crit?res de différenciation était alors cette organisation du temps collectif visible dans les espaces publics ? différents moments de l?année, organisation qui se voyait déterminée par le religieux et le politique, certes, mais aussi par la durée du temps de travail, sa répartition dans la semaine, et surtout par la mani?re dont les traditions populaires avaient investi le temps quotidien. Il nous faut cependant remarquer que, simultanément ? cela, les tendances uniformisantes étaient aussi déj? tr?s présentes sur le continent, façonnant paysages, usages, coutumes et comportements dans divers pays et régions. Elles étaient avant tout dues aux innovations techniques (ayant remplacé les méthodes de travail et d?artisanat obsol?tes), aux transformations des modes d?habitation (les immeubles étant construits conformément ? des crit?res stylistiques internationaux), ? l?extension du paysage sonore urbain et mobilier des espaces publics, ou encore ? une homogénéisation certaine des modes vestimentaires et des comportements alimentaires. L?adoption par tous d?un m?me régime politique, prônant la démocratie, le respect des droits de l?homme (ne serait-ce au niveau déclaratif) et, bien s?r, l?économie de marché n?a fait, apr?s la chute du mur, que pousser encore plus loin cette uniformité.

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