Attention, les r?ves s?accomplissent !
Matei Spandonide
 

Mon p?re, Egon, a été le premier ? arriver en Suisse et ? y rester, il a demandé l?asile politique et a commencé ? chercher des solutions pour nous sortir, nous aussi, du pays.

D?abord il a appris qu?il existait une ? fili?re allemande ?. Il a alors payé pour nous trois (maman, ma s?ur Ruxi et moi-m?me) la somme de 20 000 francs suisse sur un compte numéroté avec la ferme garantie que nous arriverions l?-bas en maximum deux ans plus tard. Cette fili?re s?est finalement avérée ?tre une escroquerie et l?argent s?est envolé. Puis, il a appris l?existence d?une ? fili?re anglaise ? et d?un anglais (avocat ?) qui était si vieux qu?il est mort assez vite, alors notre cas a été résolu par sa secrétaire. La somme variait en fonction du niveau d?étude des ? candidats ? et pour nous c?était toujours 20 000 francs. Quelles étaient leurs procédés ? Personne ne le su? Apr?s qu?Egon ai payé, nous avons été amenés ? nous rendre au service roumain des passeports, rue Iorga, o? ils nous ont demandés si nous voulions partir. Entre temps, nous avions réussi ? sortir en secret des actes de citoyen grec en utilisant la descendance de notre lignée maternelle. Nous avions dit que nous voulions ? réunir la famille ? et Egon a tout de suite été informé d?Angleterre que notre dossier avait été accepté. Puis, il a reçu une lettre dans laquelle on lui a communiqué les numéros des passeports avec lesquelles nous devions quitter le pays. Mais toute cette démarche a été possible seulement quand il a renoncé ? l?asile politique, devenant citoyen grec résident en Suisse. Pour prouver le fait qu?il n?était plus un réfugié, il devait rendre son passeport roumain ? l?ambassade de Berne. Ce qu?il fit. Et ainsi nous devenions grecs, comme lui.

A nous, il a envoyé des copies d?actes de citoyenneté avec lesquels nous sommes allés de nouveau rue Iorga. Je ne me souviens plus de la durée de chaque étape, mais au total, ? partir de son départ jusqu?? notre rencontre, quatre années se sont écoulées (années de désespoir pour Egon malgré ses réalisations professionnelles.)

En ce qui concerne la citoyenneté suisse, les choses ont évolué en bien les derniers temps : le co?t et les formalités ont diminué sensiblement. La condition premi?re était d?avoir vécu en Suisse depuis au moins douze années consécutives sans avoir quitté le pays. La demande devait se faire dans la Commune de résidence (seconde condition : y résider depuis cinq ans.) La procédure durait trois ans. Quelques mois apr?s avoir déposé le dossier, la police t?appelait pour démarrer l?enqu?te. C?était une discussion amicale durant laquelle ils te demandaient qui tu étais, de quoi tu t?occupais et combien de fric tu avais en banque. Puis le dossier continuait son chemin et, apr?s un an ou deux, ils te convoquaient ? la Mairie. Il fallait bien connaître la géographie de la Suisse, son histoire et le civisme. L?ambiance était plaisante et aimable, mais je ne sais pas si c?était comme ça pour tout le monde parce que, dans mon cas, paraît-il, je les avais épatés par mon ? niveau d?intégration ? prenant en compte le fait que j?étais le président du club de water-polo de Lausanne et fondateur d?une association de ses supporters !. Le dossier devait ?tre ensuite accepté par le corps législatif de la Commune, apr?s quoi il partait ? Berne pour ?tre accepté par la Confédération et, seulement apr?s son retour, tu étais obligé de passer un dernier examen dans le Canton. Apr?s avoir été accepté par le Canton, ils t?envoyaient la facture (environ 3000 francs) et, d?s que tu l?avais payée, ils t?appelaient pour pr?ter serment et, enfin, tu étais Suisse !

Quand je suis arrivé dans ce pays d?adoption, j?ai commencé par chercher du boulot comme ingénieur en plomberie, mais ici, il n?y avait pas cette spécialité. C?était un moindre probl?me car les vrais inconvénients pour trouver du travail étaient plutôt la ? crise ? économique de 1976, moins réel que psychologique, et aussi mon manque d?expérience. Sans préjugé, j?avais cherché m?me en Iran et au Gabon par l?intermédiaire des ambassades, mais sans résultat. Ne réussissant pas comme ingénieur, j?ai essayé comme ouvrier, en espérant de cette mani?re rester quand m?me dans le métier.

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