O? sont les f?tes d?antan?(Jeunesse rose / jeunesse morose)
Şerban Anghelescu et Petre Popovăţ
 
Texte traduit par Laurenţiu Zoicaş

Şerban Anghelescu : C'était une combinaison : il y avait la pauvreté de ceux dont les parents n'avaient pas été pauvres, pour la plupart. De nos jours, remarque, la situation a tendance ? basculer, aller ? 2 Mai devient un luxe ; il est plus cher de passer ses vacances ? 2 Mai et ? Vama Veche que de loger, non ? l'hôtel, mais chez l'habitant, ? Mangalia, dans un appartement avec eau courante. Mais, dans les années soixante‑dix, c'était un endroit compact, un endroit o? l'on se confrontait ? un manque total de ressources. Ë présent il existe, ? 2 Mai, les deux pôles, visibles d'ailleurs dans l'ensemble de la société roumaine. Il y a celui qui s'y am?ne avec presque rien et qui dort ? la belle étoile, mais il y a, ? l'autre pôle, le jeune qui vient dans une voiture superbe, ayant co?té des dizaines de milliers de dollars, et ça creuse l'écart entre celui qui a tout et celui qui n'a rien. Dans les années soixante‑dix, ces écarts énormes n'existaient pas ? 2 Mai.

Petre Popovăţ : Oui, en effet, du temps de notre jeunesse, il y avait une certaine catégorie de gens qui y allaient, un certain groupe, alors que, maintenant, 2 Mai est devenue un miroir de la société roumaine, o? les propriétaires de Jeep Grand Cherokee, avec leurs téléphones portables, côtoient les jeunes qui dorment ? la belle étoile. Ils ont cessé de fusionner. Nous, dans le temps, nous formions un groupe ? part.

Şerban Anghelescu : Les vacances étaient, pour nous, une f?te et une période d'exc?s ; c'est pourquoi on accumulait des aliments, on économisait de l'argent, nous faisions des choses qui n'avaient rien ? voir avec la vie quotidienne. Il y avait non seulement une grande liberté, mais aussi un énorme gaspillage, par rapport ? la vie menée chichement, raisonnablement. C'était une vie excessive, intense, comme pendant les f?tes.

Petre Popovăţ : Oui, tu as raison : pense que, pendant deux ou trois semaines, chaque soirée était abondamment arrosée d'alcool ? ce que nous n'aurions nullement fait ? Bucarest.

Şerban Anghelescu : Il y avait aussi une mani?re spécifique de vivre la f?te, une mani?re que nous partagions tous, le plus naturellement possible. Il ne s'agissait pas de quelque chose d'inculqué intellectuellement, culturellement. C'était une façon naturelle de vivre la f?te, un événement attendu.

Petre Popovăţ : Il fallait, rappelle‑toi, réserver la chambre, envoyer un acompte au propriétaire, et les discussions, les projets concernant les vacances commençaient d?s la fin du printemps ; ça nous réjouissait de savoir que nous sortirions de la morosité de la capitale et que nous oublierions tous nos soucis.

Şerban Anghelescu : Je me rappelle, par exemple, qu'il y avait du porc en conserve que nous mangions exclusivement ? 2 Mai ou ? Noël ; pendant l'année, on n'en mangeait jamais. Et j'étais content d'en trouver ? on e?t dit que c'était prédestiné - juste avant les vacances.

Il s'agissait aussi de la vie rurale, de la redécouverte, par un citadin ?pure souche? de la vie rurale. Il y avait, oui, un certain inconfort pour un citadin, mais cet inconfort avait une aura spéciale. M?me cet inconfort était, pendant les vacances, une aventure ? part...

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