Pour revenir ? l?aspect liturgique, il faut dire que le chant est extraordinaire, rude, plein, tranchant. Il est, lui aussi, en relation de continuité avec le caract?re monumental des icônes. Il est évident que nous n?avons pas affaire, ni dans les icônes, ni dans les chants ? une forme de sensiblerie chrétienne larmoyante, de complaisance ? l?égard de l?inanité humaine. Le chant est franc, affirmatif de mani?re presque brutale, sans beaucoup de nuances : comme une série de coups, de coups de sabre. Pas de pianissimo, ni de trémolos ou de jérémiades, comme on en entend couramment. C?est une monodie sév?re, offensive, décidée, sans hésitation et sans concession : une sorte de proclamation parfaitement formulée. A l?exception des chants de l?église de Stavropoleos, cela ne ressemble pas ? ce qu?on chante dans les églises de Bucarest et de Roumanie. L?influence slave est peut-?tre responsable au point de vue musical pour la teinte ? molle ?, pleine d?apitoiement, d?effusions sentimentales qui dominent couramment dans la musique sacrée ? ce qui a ? voir avec un certain piétisme et qui dénote, en fin de compte, la complaisance dont je parlais, le fait qu?on se complaît dans notre condition de ? pauvre h?res ?. Rien de tout cela ? Athos : ? l?instar du rythme quotidien, des prescriptions et du paysage, le chant est destiné ? contrarier vos habitudes, ? vous mettre hors de vous, ? vous transformer. |