Musée et identité : interprétations et usages du patrimoine en Bulgarie
Krassimira Krastanova
 

Musée, patrimoine, identité

Les liens étroits entre patrimoine et identité ne sont pas une découverte récente, ils défilent perpétuellement en Europe depuis le 18?me  si?cle et jouent un rôle important dans la cohésion des sociétés, qui se définissent en fonction des projets sociaux qu?elles élaborent. On constate une transformation des interprétations concernant leur caract?re et leurs usages, transformation répondant aux besoins de créer des nations modernes, de sortir des stéréotypes colonialistes et préjugés vers l?autre ? le voisin ou l?étranger, de les relier aux ouvertures économiques (tourisme) et politiques (construction de l?espace européen). La Bulgarie n?est pas exclue de ce cadre général o? le patrimoine se trouve ?tre au c?ur d?enjeux symboliques et idéologiques.  

La signification linguistique du terme bulgare pour patrimoine наследство(?nasledstvo?) nous am?ne au champ de tout ce qui arrive du passé[1] ; des biens, le trésor des anc?tres qui se transmet de génération en génération ; l?héritage, le legs, le patrimoine. La construction de la notion émerge en m?me temps que la création de l?identité nationale. Pendant la période de Renaissance bulgare[2]écrivains et révolutionnaires ont participé au mouvement de libération du pays ont mis en évidence la valeur de l?héritage, dans le but de rappeler l?histoire glorieuse des bulgares et d?achever par l? l?indépendance politique. Les vestiges archéologiques, les manuscrits médiévaux, les monuments, les objets d?art, les coutumes et traditions populaires, le folklore etc. ont pris place du premier rang dans qu?on appelle ? l?héritage culturel et historique ?, expression renvoyant ? la dimension symbolique du national.

A partir de cette époque, l?héritage culturel se valorise selon les besoins idéologiques de la société bulgare et joue le rôle d?embl?me de ? bulgarité ?. Apr?s l?indépendance de la Bulgarie en 1878 il s?inscrit d?une mani?re prononcée dans le processus de construction nationale bulgare en reproduisant le mod?le européen de création d?une iconographie nationale, au moyen des monuments et des traces du passé, de l?art, des traditions populaires et du folklore. A.-M. Thiesse indique que ces éléments sont importants et participent ? la création d?une ? check-list ? mettant en évidence les particularités culturelles. L?héritage culturel et historique se valorise et devient légitime par son caract?re national. C?est pour cette raison que le patrimoine, ? ce moment-l?, est sélectif, ne reconnaît que ? le passé bulgare ?, mettant de côté, et condamnant par l? ? l?abandon de merveilleux joyaux d?art islamique. Une grande partie d?entre eux furent détruits afin de changer l?aspect oriental de la ville et de la moderniser conformément ? la nouvelle planification urbaine.

[1]?-sled-?, ?sleda?- trace, marque laissée par un ?tre ou un objet ; suite ; succession.

[2]Dans son livre sur l?histoire de la Bulgarie, l?historien  Ivan Iltchev caractérise cette époque de période de transition lors de laquelle s?accumul?rent les conditions et les moyens permettant aux Bulgares de revenir sur la sc?ne historique : ?L?économie du pays s?engage dans de nouvelles voies, depuis longtemps empruntées par les peuples de l?Ouest de l?Europe. En Bulgarie s?ouvrent les premi?res écoles dignes de ce nom. La mise en place d?un Exarchat autonome assure l?indépendance de l?Eglise sous la direction de prélats bulgares. La consolidation de l?organisation révolutionnaire permet de soulever la question bulgare devant les puissances européennes ? (voir la bibliographie ? la fin du texte).

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