Roumanie : la seconde dans mon coeur
Victor Yila
 

Je suis né au Congo, ? Brazzaville  (n. n. le  Congo français). Ma m?re me mit au monde le 9 juillet 1958, ? dix heures pile du soir. Moi, j?ai des fr?res? nous faisons, pour ainsi dire, une grande équipe de basquet, en somme, les réserves y comprises, nous avons été dix fr?res, mais nous sommes restés huit. Deux n?y sont plus. Quant ? moi, je suis le cinqui?me.

            Mon p?re a été professeur de géologie ? Sorbonne. J?ai vécu un certain temps ? Paris, mais avec des interruptions. Une fois ? la retraite, mon p?re est rentré au Congo avec sa famille. Moi, je me vente devant mes fr?res d??tre le seul Congolais cent pour cent de ses enfants, né hors de la France. Mes parents étaient pendant des vacances ? Brazzaville, quand moi, je suis né. Les autres enfants, tous, ils ont vu le jour en France. Moi, j?ai quelque chose de plus par rapport aux autres, et eux, ils se fâchent quand je leur dis que moi seul, je suis  Congolais.

            De mes études, il y a peu faites en France, le lycée seulement. Les premi?res classes je les avais terminées au Congo. J?ai terminé la Faculté de lettres et sciences humaines ? Brazzaville, o? j?ai passé mon diplôme, et puis, je me suis inscrit suivre un cours de pédagogie pour pouvoir ?tre prof. Le reste des études je les ai terminés ici, en Roumanie. Je suis le seul des enfants, qui ait passé un peu plus d?années au Congo. Quant aux autres ? l?un est en Afrique du Sud, ma s?ur est partie ? Paris, il y a deux ans, car son mari a été promu directeur général du Crédit Lyonnais de Dakar ? Sénégal, et les autres sont depuis longtemps en France. Moi, je suis chez moi ici, en Roumanie. Je n?ai pas de citoyenneté française, je ne l?ai pas demandée. Mes fr?res sont Français, ils naquirent en France. Je peux la demander n?importe quand, moi aussi, ? l?Ambassade d?ici, juste comme les  Bessarabiens  qui demandent  la citoyenneté  roumaine.

Mon p?re est mort en 1997, et ma m?re a quitté Brazzaville et elle a regagné la maison de son enfance, ? la campagne, sans plus vouloir entendre  parler de la ville. Elle y est institutrice.

Moi, j?ai r?vé toute ma vie d??tre ingénieur. Apr?s avoir terminé mon lycée, papa trouva, probablement, qu?un ingénieur ferait plus difficilement un vrai continuateur de son métier de professeur, de son apostolat. Il a vu beaucoup mieux de chances concr?tes ? la Faculté de Lettres. Mais, je ne l?ai pas voulu moi ! Alors il a fait appel ? l?autorité paternelle. C?était quelqu?un qui vous imposait, et moi, je n?ai pu dire mot, et j?ai du suivre, cette fac. Apr?s l?avoir  terminée  je lui ai dit : ?Papa, voil? mon diplôme, tu me laisses maintenant ?tre ingénieur ? Ben clair, ne m?oblige ? faire rien d?autre!? ?Non, basta ! Des maintenant c?est ? toi ce que tu veux faire.? Et il continue: ?Va t?inscrire ? Brazzaville.? ?Mais non, je veux rentrer en Europe, mais pas en France, j?en ai marre de la France.? ?O? veux-tu aller, alors? J?ai entendu dire au Minist?re qu?on peut se rendre en Tchéquie, en Yougoslavie, en Roumanie, Bulgarie, Hongrie??, des pays de l?Europe de l?Est. Mon p?re avait entendu parler de cela au Minist?re, car lui, il était ? la retraite, mais il était toujours professeur associé ? Brazzaville. Alors moi, j?ai dis: ?Ben p?re, j?y vais!?  Moi, je n?ai plus voulu d?Occident, j?ai voulu au contraire voir ce que se passe au monde, car je ne savais ce que c?était le communisme. Au Congo des idées communistes étaient en circulation. On savait qu?il y avait des pays communistes, y compris, nous les enfants, nous le savions. Nous savions qu?il y avait Ceausescu, nous l?apprenions ? l?école? Nous apprenions sur Décébale, la Moldavie? et ainsi de suite. C?était m?me une blague ? propos des Roumains provenant des G?tes et des Daces; nous nous demandâmes: ?Mais, comment est-ce possible? Car les deux, ils sont des hommes?!? Mon p?re m?a dit alors : ?Je te sugg?rerais la Roumanie ou la Hongrie. Moi, je te conseillerais d?aller ? Budapest.? ?Tu m?imposes ? nouveau?? J?ai choisi Bucarest ? la suite d?un impulse. Si papa m?avait dit  Bucarest, j?aurais choisi Budapest. Ce f?t une sorte de fronde. ?Mais pourquoi? L?-bas le communisme est bien plus dur!?  ?Mais moi, j?y vais! T`as promis ne plus te m?ler. Toi, t?as dit Budapest, moi, j?ai dit Bucarest. Laisse-moi y aller.? J?y suis venu en 1983 en tant que boursier de l?Etat congolais.

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