Cela fait déj? neuf années depuis que le Musée du Paysan Roumain a acheté six églises en bois dans la zone des Monts Apuseni, dont quatre ont été maintenues in situ. D'importants chantiers de restauration oeuvrent pour récupérer ces monuments qui, au moment de l'acquisition, se trouvaient en piteux état et l'on risquait de les perdre ? tout jamais. Comment s'est déroulée concr?tement cette opération de ?sauvetage?, quelles ont été les démarches ? faire et les actions déployées sur le terrain ? Georgeta Roşu, directrice de la section ?Muséographie? au Musée du Paysan Roumain, évoque cette expérience. Anca Manolescu: Quelles ont été les démarches officielles nécessaires pour l'achat de ces églises ? Quelles autorités ont d? donner leur avis ? Georgeta Roşu : En tout premier lieu les démarches aupr?s de la Commission Nationale des Monuments et Sites Historiques, afin que ces églises, tout en restant sur la liste des monuments historiques, deviennent la propriété du musée. Puisqu'il s'agissait de la premi?re requ?te de ce genre, la Commission a été au début réticente mais finalement s'est laissé convaincre. Nous avions bon espoir que d'autres institutions en feraient de m?me, mais malheureusement notre initiative n?a pas eu d?imitateurs. Ensuite, nous nous sommes adressés au Minist?re de la Culture, afin d'obtenir les fonds nécessaires. Cela se passait en 1991, quand l'inflation ne s'était pas encore déclenchée, c'est pourquoi les sommes payées pour l?acquisition de ces églises semblent aujourd'hui dérisoires: entre 50 000 (pour l?église de Mintia, dégradée en proportion de 70%) et 250 000 lei. Nous avons obtenu les fonds en 1991 et en 1992 nous avions déj? franchi l'étape achat. Anca Manolescu : Comment avez-vous traité avec les propriétaires ? Georgeta Roşu : Les propriétaires étaient les paroisses des communes respectives. Mais nous ne pouvions traiter directement avec elles, il fallait d'abord obtenir la bénédiction du P?re Patriarche et de l'év?que de la zone respective. Nous avons obtenu l'accord et m?me la bénédiction du Patriarche, formulée dans une lettre bien émouvante. Apr?s cela, une commission pour les acquisitions (formée du Directeur du musée, M. Horia Bernea, du chef du laboratoire de restauration, M. Dan {tef`nescu, et de moi-m?me, en tant que chef de la section ?Patrimoine?) s'est déplacée dans les villages en question. Nous avons eu des entretiens avec les popes, accompagnés par les protopopes et les membres du conseil paroissial, ayant la belle surprise de constater que nos interlocuteurs ont été d?s le début enchantés par notre idée ? surtout en trois des paroisses ? embrassant de tout coeur notre projet. D'ailleurs, d?s le début, toutes les autorités ecclésiastiques ont été enthousiastes. Je crois que maintenant, quand ces églises ont de nouveau fi?re allure, les gens de l'Église regrettent de n'avoir pu entreprendre eux-m?mes cette action de récupération. |