Gérard Althabe Il nous faut tout d?abord cerner quelque peu notre th?me. Le sujet de l?objet comment le traiter? Parce qu?il s?agit, en fait, d?un probl?me trop vaste. On pourrait faire avec profit un discours sur le sens de l?objet dans le cadre d?un musée, par exemple, et arriver ainsi ? maîtriser un processus dont l?objet est le sujet. Par contre, traiter d?une façon générale de l?objet entraîne des difficultés liées ? la définition de son statut. Alors, je propose qu?on essaie de réfléchir non pas ? l?objet en soi, mais au rapport qui s?établit avec une matérialité que l?on place façe ? soi, c?est-?-dire avec une altérité qui est fixée. Le premier mouvement de la pensée serait alors de se détacher de ce cadre matériel qu?on a devant soi. Ensuite, la seconde tendance, dans la tradition occidentale - qui est une tradition de maîtrise ?, serait de l?utiliser, ce cadre matériel. C?est ? travers la fonctionalité des objets que leur matérialité est maîtrisée, ? travers leur usage en quelque sorte. Tel est le processus général que l?on pourrait définir afin de?incadrer une réflexion sur l?objet. Et il explique en m?me temps ce que la notion d?objet suppose lorsqu?elle est entendue comme metaphore pour un certain rapport avec les gens: on consid?re les gens comme des objets lorsqu?on les utilise, donc, en fait, on les situe en dehors de soi. C?est une façon evidemment simpliste de voir les choses, mais ? partir d?elle on peut comprendre que tout objet a, de façon générale, deux faces. D?un côté, l?usage qui se trouve comme en creux dans l?objet, en lui; d?une autre part, l?objet est le signe d?un autre chose; il a donc double face. C?est une dualité qu?on peut retrouver jusque dans les outils prehistoriques. Tout objet est ? la fois un usage et un signe. Dans ma campagne, en France, lorsque la voiture y est apparue, dans les années ?50, elle était un instrument fonctionnel et en m?me temps un signe tr?s évident de distinction. Or, on peut facilement se rendre compte que plus la voiture va, d?s lors, se généraliser, moins elle restera le signe d?une élite. Ensuite, c?est son aspect esthétique qui contera en tant que signe. Les designers en travailleront énormément la forme et il y a des gens qui arrivent ? apprécier, ? aimer les voitures en tant qu?objet esthétique, qui distingue son propriétaire, qui lui donne un statut ? part. Irina Nicolau Dans le Musée de Mulhouse, on expose de vieilles voitures qui prouvent également l?attention pour l?esthétique de l?objet; seulement, il ne s?agit pas encore d?une esthétique propre ? l?automobile, mais ? aux anciens moyens de transport: fiacres, charrettes, chars... Des voitures avec des coussins, des houppes, des peintures... Le côté esthétique y était déj? présent, mais il n?avait pas encore la spécificité de l?objet auquel cette préoccupation s?applique de nos jours. Il n?existait pas encore une esthétique propre de la voiture; le ?beau? était empreunté ? d?autres mod?les, dont on imitait la forme, la décoration. |