Un objet total. Eglises en bois du Musée du Paysan Roumain
Horia Bernea
 
Entretien avec Anca Manolescu; Texte traduit par Ioan Pânzaru

Nous sommes au fond une civilisation de type méditerranéen; pendant ces intervalles de travail et de grâce je me suis rendu compte de quelle façon synthétique et osmotique la civilisation roumaine est rattachée au monde, ? l?ordre méditerranéen: ? leur façon de matérialiser un certain ordonnancement de l?espace, avec des rapports libres et organiques entre les éléments qui le composent, avec la capacité d?intégrer des éléments tr?s différents formellement, mais qui partagent le m?me ?esprit?. Si, en ce qui me concerne, il y a interprétation de l?objet muséal, cela veut dire que je tente de l?intégrer dans un réseau de rapports, de suggestions, de références, propres ? ce monde méditerranéen dont l?organicité profonde m?est devenue consciente ? travers les longs séjours de travail que j?ai passés en divers endroits sur le pourtour de la Méditerranée. Ce qui est caractéristique de ce monde, c?est qu?il sait tr?s bien intégrer les éléments étrangers. Il ne les perçoit jamais comme un danger, une aggression et un trauma, mais il les ?fagocite?, les assimile, s?en accroît en leur faisant place dans son propre ordre.


[1]Tout comme les reliques, les églises en bois - qui sont parfois minuscules, mignonnes, lég?res - peuvent voyager. Comme les reliques, on peut les porter, déménager, ?transférer? avec la communauté qui les a bâties et qui s?est bâtie autour d?elles. Comme les reliques, on peut en faire présent, les acheter, les voler m?me (les données recueillies par les folkloristes au début du si?cle font mention également de cas de ce genre). Comme elles, on peut les négliger, les abandonner, les oublier, ensuite on peut les ?découvrir?,renouveler, reconstituer, ramener ? l?attention de la communauté. Dans leur modeste, dans leur périssable agencement, les églises acquises par le Musée du Paysan ont toutes connu un pareil destin mouvementé. Elles apparteinnent ? des villages des montagnes Apuseni, situées entre Deva et Arad, des villages roumains clairsemés, dont certains sont attestés depuis le XVe si?cle, et qui ensuite, en se coagulant, ont pris leurs églises et sont descendus dans la plaine. Ou bien ils en ont acheté une dans le voisinage.

[2]Cf. Irina Nicolau en dialogue avec Horia Bernea, Martor I, 1996, pp. 194-210.

 <<  17  18  19  20  21
 
 
 

 
Martor nr 1/1996
Martor nr 2/1997
Martor nr 3/1998
Martor nr 4/1999
Martor nr 5/2000
Martor nr 6/2001
Martor nr 7/2002
Martor nr 8-9/2003-2004
Martor nr 10/2005
Martor nr 11/2006
Martor nr 12/2007
 

© 2003 Aspera Pro Edu Foundation. Toate drepturile rezervate. Termeni de confidentialitate. Conditii de utilizare