Derri?re le choeur nous avons empilé un tas de billettes, une partie du matériel de construction, que l?on a pu récupérer, parce qu?elles n?avaient pas pourri; on les a déposées l? comme pour les laisser vieillir, tout comme les villageois entreposaient les pi?ces de bois désaffectées des églises qui devaient disparaître naturellement, parce qu?on ne pouvait pas les employer ? un autre usage. Certaines idées d?exposition viennent donc précisément des façons de faire qui étaient courantes au village pour entreposer, conserver, disposer, étaler. Quant ? l?église elle-m?me, on l?a exposée dans l?état exact o? elle se trouvait, sans intervention aucune de notre part, comme si nous n?avions pas voulu toucher aux ?reliques? d?un saint. Les reliques, on peut les fragmenter, les partager, mais on ne les jette jamais. Il y a, dans la pratique chrétienne, toute une oeuvre, toute une technique de conservation et de monstration (exposition) des reliques: rev?tements, châsses, insertion dans les objets de piété, etc. Or, nous avons justement repris ? notre compte et ? notre mani?re cette préoccupation. S?il y a, dans la salle ?Reliques?, quelque élément étranger, c?est le dessin de la charpente, cloué au mur, sur lequel sont disposés les éclairages. A.M. Chose étrange, c?est bien cette salle, o? vous avez choisi l?intervention minima, qui donne l?impression d?une tr?s forte interprétation de l?objet. C?est comme si on avait devant soi on objet dont la coque est brisée et dont on a mis ? jour le noyau, la structure cachée. Horia Bernea C?est vrai, mais l?impression provient aussi du fait que la nef-squelette de l?église est posée sur une aire de plancher blanc, comme un linceul, comme un suaire; elle a ainsi un encadrement minimum qui exalte sa signification de ?relique?. Il y a plus: il a fallu faire face ? l?architecture assez lourde de la salle, avec ses deux rangées de colonnes; or, nous avons trouvé une formule d?exposition en parfaite conformité avec l?objet qui y était placé; ce qui augmente beaucoup l?expressivité de l?ensemble. Les piliers soulignent le souvenir du transport de l?objet, de sa translation dans un autre espace que celui d?origine; on obtient ainsi une sorte de ready made sacré. Le corps de l?église semble ?tissé?, solidarisé avec la structure de la salle... On crée aussi un rapport tr?s marqué entre la convention de l?espace architectural et la simplicité fr?le des pi?ces de bois de l?église. |