Vers une définition de la ?méglénité?
Dominique Belkis
 

Cette version de l'islamisation de Nant? n'a pas pour fonction de rendre compte d'un épisode historique - elle est sans doute éloignée de la réalité. Elle rel?ve plutôt du récit mythique sur la résistance face ? l'oppresseur turc. Cette résistance qui donne une valeur hautement positive ? l'identité culturelle mégléno-roumaine s'exprime dans la défense de la langue maternelle considérée alors comme le coeur de cette identité.

Mais ce n'est pas la différence linguistique en elle-m?me qui crée la fronti?re entre les groupes car cela sous-entendrait que la distinction s'établit sur les limites de la communication inter-culturelle. Or, la péninsule balkanique, du moins jusqu'? la constitution des fronti?res nationales des États modernes, était une région de libre circulation et de cohabitation si bien que chaque individu n'était pas seulement bilingue, il maîtrisait les rudiments d'au moins quatre langues différentes. Les différences linguistiques ne correspondaient donc pas en tant que telles aux limites du champ d'action des groupes culturels.

La défense de la langue maternelle renvoie en réalité ? une autre dimension constituante de l'identité collective. L'hymne macédo-roumain, écrit au XIXe si?cle au moment des luttes armées contre les Ottomans, n'insiste ni sur le droit ? un territoire, ni sur la grandeur de la nation, ni sur la pureté du sang, ni m?me sur la nécessité d'une autonomie politique comme on pourrait s'y attendre. Le seul th?me de ce texte qui se présente pratiquement comme une malédiction, est la nécessité de l'utilisation de la langue maternelle envers et contre tout :

"La langue maternelle nous entoure d'un grand feu

Nos anc?tres crient au-dessus des tombes

Que soient maudits ceux qui laissent leur langue

Ceux qui laissent leur langue, qu'ils soient br?lés dans le feu

Qu'ils soient pétrifiés, la langue br?lée par le feu

Que sa famille soit maudite, qu'il soit stérile

Celui qui fuit loin de sa m?re et qui laisse son nom

Que Dieu ne lui donne pas son don

Et que le sommeil ne le prenne jamais !"[6]

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