Sc?nes roumaines
Horia Berbea et Teodor Baconsky
 
Texte traduit par Ioan Pânzaru

Horia Bernea            Parmi les flashes, la modernité et la postmodernité contiennent bien des choses authentiques, des fulgurations et des mémoires des temps anciens. A propos, imaginez-vous que l?on pourrait transporter une rue de Rome dans un musée de New York: ce serait de la folie... Alors ? peine vous rendriez-vous compte des choses ? côté desquelles vous passsez dans l?indifférence, apprendriez-vous ? apprécier la Rome réelle, cette Rome o? l?on a besoin d?un effort incessant pour obliger le regard ? ne pas simplement errer, mais ? se maintenir dans un émerveillement concentré... Je ne fais pas l?apologie du fragment, mais celle de la chose extraite de son milieu naturel, ou bien du contexte o? elle est née, pour qu?on puisse bien se rendre compte comment il est en soi, ce fragment, ce morceau, ce sujet, cette unité, le corps en question... C?est comme un vécu au second degré, un vécu de muséophile!

Teodor Baconsky C?est un peu comme ça que commence la culture: le silex paléolithique est une abstraction, un isolement du fragment tiré de sa masse de pierre... Dans notre discussion, cette parenth?se dédiée au fragment me semble un peu contradictoire. Je retiens que le débat a commencé par célébrer l?organicité des cultures traditionnelles qui se livrent comme des intégralités, plus ou moins compactes... Un tel ensemble, qui existe ? Rome également, s?il n?est plus soutenu par l?éthos et par la forme correspondante de la civilisation vivante, ne saura ?tre (re)découvert que par sections, grâce ? l?éloquence des morceaux isolés...

Horia Bernea

Le probl?me de la matérialité est une de mes obsessions anciennes; je n?ai jamais songé qu?elle allait prendre l?importance généralisatrice et envahissante qu?elle a pour moi aujourd?hui. Je pense que le moment o? cela a m?ri fait suite ? mes séjours ? Rome en ?97 et ?98. La peinture romaine, et surtout certains spécimens des périodes III et IV, superposée ? l?ancienne et inexplicable qualité du portrait égyptien post-ptoléma?que, ont insisté en moi, en éveillant une conscience de la matérialité, de sa capitale importance dans tous les domaines: la peinture et la sculpture, l?architecture, et, probablement, la musique et les lettres.

J?en suis donc venu ? définir en derni?re analyse la culture comme un juste rapport ? la mati?re... Et l?art - comme un rapport judicieux et adéquat au but proposé, ? travers la mati?re. Aucune période accomplie de l?histoire de l?esprit n?a été possible sans une juste expression sur le plan de la mati?re. Un mauvais rapport ? la mati?re, c?est d?ordinaire la décadence, la superficialité, la sécheresse... Etre superficiel c?est, au fond, avoir un regard qui ne touche pas la profondeur matérielle des probl?mes - matérielle au sens le plus propre. C?est ça, le génie du christianisme: de ne pas oublier que l?esprit, afin de pouvoir oeuvrer dans le monde, doit s?incarner! La chair remplie d?esprit, sur laquelle l?esprit se pose, ? laquelle l?esprit s?accroche! Telle est la condition humaine compl?te et limpide - marquée définitivement par l?arrivée du Sauveur.

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