Sc?nes roumaines
Horia Berbea et Teodor Baconsky
 
Texte traduit par Ioan Pânzaru

[2]N?ayant pas sous la main une édition française, j?ai feuilleté la version italienne des Promenades  dans Rome, sans pouvoir identifier le passage o? il ?censure? l?église o? repose Loyola. Il est pourtant clair que Stendhal préf?re l?ancien et le simple au nouveau et au pompeux: par exemple, il est enchanté par Santa Maria degli Angeli (?architecture sublime; une simple biblioth?que antique, plus noble que la plupart de nos églises?) tandis que Santa Maria Maggiore ?a l?air d?un salon?. Je note encore qu?en 1828 Beyle n?a pas d?yeux pour les mosa?ques (il décrit bri?vement Santa Prassede o? il signale les 16 colonnes de granit et est content de voir que ?le grand autel est bien placé?, mais il ne souffle mot des merveilleuses mosa?ques de l?abside ou de la chapelle de Zénon).

[3]Cas singulier d?église ronde, San Stefano (sur le Celio) a été consacré au Ve si?cle, par le pape Simplicius. Au début, la vo?te était en bois, et au XIV-e ou XV-e si?cle on a érigé une triple colonnade, ayant pour résultat trois nefs circulaires, dont la spirale concentrique semble décanter, ? l?instar des huttes africaines, une métaphore du cosmos harmonieux et fermé. A noter que ce nouvel intérieur a été confié ? Leon Battista Alberti, qui y a débuté dans sa carri?re d?architecte. Sur les murs s?étale un fastidieux martyrologe iconographique post-tridentin, mais en revanche il y a l? deux pi?ces magnifiques dans l?ordre de notre dialogue: un trône en marbre sur lequel aurait siégé pour pr?cher Grégore le Grand, et une petite chapelle, o? une mosa?que du VIIe si?cle figure le Christ non crucifié, mais superposé ? la croix, entre deux saints.

[4]San Clemente est une ?pi?ce montée? du point de vue chronologique, une fabuleuse babel souterraine. Les circonstances (et les curiosités érudites d?un abbé du si?cle dernier) ont permis l?excavation successive d?au moins trois niveaux. Nulle part ailleurs on ne peut apprendre une leçon d?histoire de l?Eglise en descendant simplement un escalier, en s?engouffrant dans les froids recoins des cryptes, o? la lumi?re de la torche électrique découpe des chefs-d?oeuvre usés, des traces archa?ques, des ambiances ésotériques incomparables. Les derniers visc?res de ce puzzle vertical débouchent sur les murs d?un autel mithra?que: une para-Eglise masculine, fondée sur le sacrifice d?un taureau, dont le sang servait ? la lustration baptismale des néophytes. La strate chrétienne la plus antique est celle d?une église du IV-e si?cle, pillée par les Normands (qui ont pris Rome en 1084). Celle qui lui a succédé a été simplement bâtie au-dessus, sans que les restes de la premi?re aient été démolis - car entre temps le sol s?était notablement élevé par rapport aux édifices du voisinage: un coup de chance. Dans le narthex de cette couche intermédiaire on découvre des fresques qui rappellent celles de Curtea de Arges, mais en les précédant de plusieurs si?cles: le style byzantin na?f, provincial (qui ressemble tellement ? l?iconographie post-byzantine des Principautés Roumaines) rend compte en ces lieux du Miracle de saint Clément et de la Translation des reliques de saint Cyrille (transférées du Vatican dans l?église actuelle, o? il semble par conséquent que repose l?un des apôtres des Slaves). Dans la nef de droite on peut admirer une belle Vierge ? l?Enfant (tout aussi byzantine).

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